Ueshiba Morihei (植芝 盛平)

1883-1969

Une de ses grandes motivations était de promouvoir la paix en enseignant un art accessible à tous et basé sur la négation de la violence, l’union des énergies (un des sens de aiki) et non leur opposition. Il était également un fervent croyant, adepte d’une secte Shintō, l’Ōmoto-Kyō (大本教).

De faible constitution et souvent malade Ueshiba Morihei (植芝 盛平) fut fortement attiré par la religion dès son plus jeune âge.

Encouragé par ses parents à poursuivre des activités physiques afin de renforcer son corps, il se rend à Tokyo à 20 ans où il passe ses soirées à étudier le Jū-Jitsu et le Ken-Jutsu de l’école Shinkage.

En 1903, il décide de s’engager dans l’armée afin de combattre les russes. D’abord refusé à cause de sa petite taille, il finit, à force d’exercices et d’entrainement, par y être accepté.

Sa démobilisation en 1907 marquera le début d’une période de recherche et d’incertitudes sur son avenir.

C’est alors qu’en 1909, lors d’une action de préservation contre une industrialisation anarchique de la région de Tanabe (田辺), il rencontre Minakata Kumagusu (南方 熊楠) (1867-1941). Ce fervent défenseur de la nature et humaniste apporte les notions d’écologie et d’universalisme.

En 1915 au cours d’un voyage à Hokkaidō (北海道), il rencontre Takeda Sōkaku (武田 惣角) (1860-1943), un des plus grands maîtres d’arts martiaux de son époque et qui avait développé son propre style, le Daitō-Ryū-Aiki-Jūjutsu (大東流合気柔術). Enthousiasmé par l’efficacité de cette pratique, il devient son élève.

Fin 1919, suite à l’annonce de la maladie de son père, il rentre à Tanabe (田辺) en faisant un détour par Ayabe (綾部) où il rencontrera Deguchi Onisaburō (出口 王仁三郎), leader charismatique de la secte Ōmoto-Kyō (大本教).

Subjugué par ce personnage flamboyant et à forte spiritualité, et très touché par le décès de son père, il part s’installer à Ayabe où il enseigne aux membres de la secte, et à de nombreuses autres personnes attirées par sa notoriété croissante.

En 1921, Takeda Sōkaku (武田 惣角) lui délivre un diplôme d’enseignement. L’année d’après Ueshiba Morihei nomme son art Aiki-Bujutsu (合気武術).

En 1924, rêvant d’instaurer un paradis sur terre, il organise une expédition en Mongolie avec Deguchi Onisaburō. Cette expédition se soldera par un échec. ec quelques disciples dont Maître Ueshiba Morihei, avec l’intention de bâtir en Mongolie, où s’affrontaient les armées chinoises et japonaises, un Royaume de la Paix. Ils échouèrent dans leur tentative et furent prisonniers des armées chinoises pendant plusieurs mois.

Ueshiba Morihei retourne au Japon et s’installer à Tōkyō (東京) où il enseigne son art notamment à des officiers de l’armée, et de la police.

En 1931, il ouvre son propre Dōjō (道場), le Kobukan (皇武館) qui sera appelé Honbu Dōjō (本部道場) après la guerre.

En 1936, probablement suite à des tensions financières et des divergences d’opinion, Ueshiba Morihei rompt ses relations avec Takeda Sōkaku (武田 惣角). En effet, en tant qu’instructeur de Daitō-RyūUeshiba Morihei devait verser une rente à Takeda Sōkaku pour chaque nouvel élève. De plus, Takeda Sōkaku ne semblait pas apprécier l’influence de Deguchi Onisaburō sur les orientations spirituelles de Ueshiba Morihei.

Morihei Ueshiba rebaptise alors l’Aiki-Bujutsu (合気武術) en Aiki-Budō (合気武道).

De 1939 à 1942 et à la demande du gouvernement japonais, il effectuera de fréquents voyages en Mandchourie afin d’y enseigner les arts martiaux.

Lorsqu’en 1941, le gouvernement japonais décide de regrouper sous son égide tous les arts martiaux, Ueshiba Morihei se retire dans sa petite propriété d’Iwama (岩間), laissant le dojo du Kobukan à son fils Ueshiba Kisshomaru. Il renome son art, qui prend son nom définitif d’Aikidō (合気道).

En 1945, le Japon perd la guerre et passe sous occupation américaine qui interdit les arts martiaux. En 1948, l’interdiction de pratiquer l’Aikidō est levée ce qui conduira à la création de l’Aikikai (合気会).

A partir des années 1960, l’enseignement de l’Aikidō s’ouvre aux étrangers. De nombreux élèves de Ueshiba Morihei partiront alors diffuser l’Aikidō aux Etats-Unis et au Japon.

Takeda Sōkaku (武田 惣角)

1859 – 1943
Issu d’une famille de vaillants guerriers du clan d’Aizu (会津), il reçu de son père l’enseignement du Ken-Jutsu (剣術), du Bō-Jutsu (棒術), du Sumō (相撲) et du Jū-Jutsu (柔術). Il étudia également plusieurs formes de sabre.

A 15 ans, alors qu’il entreprend des études pour devenir prêtre, il fait la rencontre du célèbre Samurai (侍) Saigō Tanomo (西郷頼) (1830 – 1903) qui lui transmet l’art de défense de la Cour, l’Oshiki-Uchi (御式內),

Saigō Tanomo l’autorise à enseigner cet art et lui demande d’y apporter les perfectionnements pour l’adapter au monde moderne.

Takeda Sōkaku commençe alors à transmettre son art qu’il nommera Daitō-Ryū-Aiki-Jūjutsu (大東流合気柔術) à partir du terme Daitō (大東) en référence au château du fondateur du clan Aizu, et de Aiki (合気) en référence à l’ancien art de combat l’Aiki-In-Ho-Yo (合気陰陽法) et enfin JūJutsu qui désigne des techniques souples de combat à mains nues.

N’ayant pas de Dōjō (道場), il voyage dans tout le Japon en s’arrêtant pour enseigner là où on l’y invite, et sert parfois de garde du corps, Yōjinbō (用心棒).

Homme violent, paranoïaque il terrorisait ses ennemis et n’hésitait pas à blesser durement ceux qui le décevait. Escrimeur redoutable, inégalé au sabre, il parcourut le Japon pour visiter et défier les écoles, le Dōjō-Yaburi (道場破り). Il se fit reconnaître comme le plus jeune expert en art martiaux de son clan.

Parmi ses élèves remarquables, on retrouve Morihei Ueshiba (植芝 盛平) qui en 1935 transforme le Daitō-Ryū-Aiki-Jūjutsu en un style nommé Aikibudō (合気武道) qu’il transformera plus tard en Aikidō (合気道).

Tōhei Kōichi (藤平光一)

1920- 2011

De nature frêle et souvent malade, Tōhei Kōichi (藤平光一) débute le Jūdō (柔道) mais une pleurésie le contraint à s’arrêter durant une année. Pendant cette période, il se consacre à l’étude du Zen (禅), au Misogi (禊) et au Kiatsu (気圧), dérivé du Shiatsu (指圧). Il reprend le Jūdō mais réalise que cela ne lui correspond plus.

En 1939, à l’âge de 19 ans, il se tourne alors vers l’Aikidō (合気道) et devient l’élève de Morihei Ueshiba (植芝 盛平). Extrêment doué, il devient rapidement le chef-instructeur, le Shihan-Buchō (師範部長) de l’Aikikai (合気会) de Tōkyō (東京).

Morihei Ueshiba est de nature mystique et convaincu que la puissance de l’Aikidō vient des dieux Shintō (神道), les Kami (神). Tōhei Kōichi est en revanche de nature rationnelle. Insatisfait des explications mystiques de Morihei Ueshiba va alors chercher à comprendre les principes physiques et mentaux qui font sous-jacents à l’Aikidō.

La rencontre avec Nakamura Tenpū (中村 天風) est pour lui une révélation. Il découvre les principes du Ki (氣) et du Shin-Shin-Tōitsu-Dō (心身統一道) qu’il intègre à l’Aikidō en l’épurant des aspects mystiques chers à Morihei Ueshiba.

Ces fortes divergences d’opinion avec Morihei Ueshiba, puis avec son fils, Ueshiba Kisshomaru (植芝 吉祥), le conduisent à prendre son indépendance et à créer son propre courant, le Ki no Kenkyūkai (氣の研究会) au début des années 1970. Sa pratique insistait particulièrement sur le développement du Ki (氣) comme moyen d’unifier l’esprit et le corps.

Même si peu de pratiquants en Europe ont eu l’occasion de pratiquer avec lui, Tōhei Kōichi est l’un des principaux contributeurs au développement de l’Aikidō dans le monde, notamment aux USA via Hawai, n’hésitant pas à relever les défis de lutteurs ou autres afin d’imposer sa discipline.

C’est d’ailleurs lors de ces rencontres qu’il va réaliser que les techniques prévues pour être appliquées sur des personnes de même taille ne sont pas toujours applicables sur des personnes de taille différente. Il va alors retirer certaines technqiues de son répertoire et en adapter d’autres. C’est à cette époque qu’il va développer les Tobi-komi (飛び込み), les « bonds » en Aikidō, qui permettre non seulement d’arriver à la hauteur de l’adversaire mais en plus d’utiliser le poids du corps lors de la descente pour amplifier la puissance des techniques.

Tōhei Kōichi fût l’un des Senpai (先輩) de bon nombre de maîtres d’Aikidō tels que Saitō Morihiro (齋藤 守弘,) (1928-2002) ou encore Tamura Nobuyoshi (田村 信義) (1933- 2010).

Shioda Gōzō (塩田 剛三)

1915 – 1994

Fondateur du Yōshinkan-Aikidō (養神館合気道).

En 1932, dès l’âge de 18 ans, il devient élève de Morihei Ueshiba (植芝 盛平) où il y restera comme Uchi-Deshi (内弟子) pendant huit années pour apprendre l’Aikidō (合気道).

Pendant la seconde guerre mondiale, il vit en Chine, à Taïwan, à Bornéo où il occupe des positions administratives. De retour au Japon, il travaille pendant quelques années pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille.

En 1950, ses services sont requis pour protéger une aciérie des syndicats communistes. Il constitue alors une force de sécurité d’une cinquantaine de pratiquants aguerris aux arts martiaux. Son efficacité est reconnue ce qui le conduira à enseigner l’Aikidō de manière régulière. Il participe à plusieurs démonstration auprès des forces de l’ordre.

Impressionés par ses démonstrations, des sponsors le contactent quelques années plus tard afin de l’aider à établir sa propre association , le Yōshinkai (養神会), et ouvrir sontson propre Dōjō (道場), le Yōshinkan (養神館).

Shioda Gōzō deviendra également instructeur en chef de la police de Tōkyō (東京), le Keishichō (警視庁), des forces de la force aérienne d’autodéfense japonaise ainsi que de plusieurs établissements prestigieux.

Son style considéré comme dense met fortement l’accent sur les Atemi (当身) et sur l’importance de la pratique.

Nakamura Tenpū (中村 天風)

1876-1968

Né à Tōkyō (東京), sous le nom de Nakamura Saburō (中村 三郎).

Après de brillantes études, il devient un agent de renseignement pour le compte du gouvernement japonais et joue un rôle important en Mandchourie ainsi que lors du conflit russo-japonais de 1904.

Echappant à la mort et grivèvement blessé, il rentre au Japon en 1905 où il travaillera comme cadre dans une société japonaise.

En 1906, atteint de la tuberculose à un stade avancé, il va alors consulter les plus grands spécialistes mondiaux de l’époque (Japon, USA, Royaume-Uni, France).

Suite aux traitements reçus il est en rémission mais rechute peu de temps après et son état empire et il décide alors de retourner au Japon.

C’est lors de ce voyage de retour, qu’il fait la connaissance de Kaliapa, un professeur de Yoga et de méditation qu’il décide de suivre jusque dans son village situé dans les Himalayas.

Grâce à la pratique de la méditation yogique, sa tuberculose disparait.

Après une escale à Shanghai où il devient un des conseillers politiques de Sun Yat-sen (孫逸仙), co-fondateur du parti nationaliste chinois, le Kuomintang (國民黨). Le mouvement s’étant soldé par un échec, il rentre au Japon.

En 1919, il fonde le Tōitsu-Kai (統一会) (association de l’unification) qu’il renommera Tenpū-Kai (天風会) en 1940 afin d’enseigner le Shin-Shin-Tōitsu-Dō (心身統一道), la voie de l’unification du corps et de l’esprit. Cette discipline est une synthèse de médecine occidentale, de yoga et de méditation indienne, d’arts martiaux et d’arts de soin et de méditation japonaise.

Le nom de Tenpū (天風) provient du nom d’une forme de sabre, l’Amatsukaze (天津風), de l’école de sabre, Zuihen Ryu battojutsu (流抜刀術) , dont il était un expert.

Kanō Jigorō (嘉納 治五郎)

1860 – 1938

Fondateur du Jūdō (柔道). Il apprend le Jū-Jutsu (柔術) auprès de divers maîtres renomés. Désireux de transformer ces techniques de combat à mains nues dont le seul objectif est de mettre un attaquant hors d’état de nuire, il cherche à les transformer en un moyen d’éducation du corps et de l’esprit. En 1882, il ouvre son propre dōjō (道場), le Kōdōkan (講道館) et crée le Jūdō (柔道) « voie de la souplesse ».

Le Jūdō (柔道), dont le principe est de ne pas chercher à résister à l’adversaire mais utiliser sa force à son profit, devient alors probablement le premier Budō (武道) moderne. D’autres maîtres suivront en effet son exemple, transformant leur art de « technique » en « voie ».

Tomiki Kenji (富木 謙治)

1900-1979

Fondateur du Shōdōkan (昭道館) il apprend le Jūdō (柔道) puis l’Aikidō (合気道) auprès de Morihei Ueshiba (植芝 盛平). Séduit par le système d’apprentissage structuré, ainsi que par le combat sportif il développe un système de compétition pour l’Aikidō : l’Aiki-Randori-Hō (合気乱取り法).

En 1967, il ouvre son propre Dōjō d’Aikidō à Ōsaka et en 1970, il établit les bases du Shōdōkan en tant que système d’enseignement indépendant.

Mochizuki Minoru (望月 稔)

1907-2003

Spécialiste des arts martiaux japonais : 10ème Dan d’Aikidō (合気道), 9ème Dan de Jūjutsu (柔術), 8ème Dan de Iaidō (居合い道), de Jūdō (柔道) et de Kobudō (古武道), 5ème Dan de Kendō (剣道), de Karatedō (空手道) et de Jō-Jutsu (杖術). Il fût parmi les élèves directs de Kanō Jigorō (嘉納 治五郎) fondateur du Jūdō (柔道), de Morihei Ueshiba (植芝 盛平), fondateur de l’Aikidō (合気道) et de Funakoshi Gichin (船越 義珍), fondateur du Karatedō Shōtōkan (松濤館流空手道).

Persuadé que les arts martiaux sont dénaturés par leur séparation en disciplines distinctes et leur transformation en sport, il cherche à assembler les principales techniques de la tradition martiale japonaise et enseigne l’Aikidō (合気道), le Jūdō (柔道), et le Karatedō (空手道) dans son dojo, le Yōseikan (養正館). En 1975, son fils, Mochizuki Hirō (望月 広雄) fonde officiellement le Yōseikan Budō (養正館武道).