Présentation de l’aikidō

L’aikidō est un art martial défensif et non compétitif dont le principe est d’utiliser l’énergie de l’adversaire pour la retourner contre lui.

Après avoir étudié divers arts martiaux, dont en particulier le daitōryū-aiki-jūjutsu (大東流合気柔術), Morihei Ueshiba (植芝 盛平) (1883-1969) comprend que le véritable budō (武道), voie du combat, consiste à maintenir la paix. L’alliance de sa réflexion philosophique et de sa recherche martiale donnera naissance à l’aikidō.

Les principaux apports de l’aikidō

Les apports de l’aikidō sont nombreux mais en voici les principaux.

Corporel

La pratique de l’aikidō permet de :

  • Développer l’ensemble des parties de son corps.
  • Assouplir son corps.
  • Corriger ses postures (colonne vertébrale).
  • Contrôler sa respiration.
  • Se relaxer.
  • Renforcer son endurance.

Technique

L’étude des mouvements permet de :

  • Comprendre et appliquer les principes de création et conduite du déséquilibre.
  • Comprendre et appliquer les principes de placement, interception et redirection de l’attaque.
  • Comprendre et appliquer les principes de génération, de transmission et application de l’énergie.
  • Développer des réflexes permettant de préserver son intégrité (lors d’une attaque, d’une chute…).

Mental

L’aikidō ne consiste pas uniquement à exécuter des techniques mais à renforcer l’intégration du mental au corps au travers de la pratique. L’unification du mental au corps, le shin-shin-tōitsudō (心身統一道), permet de :

  • Comprendre et appliquer les effets de l’intention sur le corps.
  • Développer la puissance et l’efficience des mouvements.
  • Améliorer la maîtrise de soi, le fudōshin (不動心), c’est à dire savoir rester imperturbable en toutes circonstances (surmonter la peur de l’attaque).
  • Développer la confiance en soi (meilleure connaissance de ses capacités et limites).
  • Développer la vigilance.

Morale

Issu des arts martiaux japonais traditionnels, l’aikidō hérite des valeurs morales telles que :

  • Le respect, sonkei (尊敬).
  • La politesse, reigi (礼儀).
  • L’intégrité, seigōsei (整合性).
  • L’honnêteté, shōjiki (正直).
  • La bienveillance, shinsetu (親切).
  • La loyauté, chūseishin (忠誠心).
  • L’honneur, meiyo (名誉).
  • Le courage, yūki (勇気).

Le principe directeur des techniques

Le principe directeur des techniques d’aikidō est d’utiliser l’énergie de l’attaquant pour la retourner, amplifiée, contre lui tout en préservant sa propre intégrité.

L’exécution des techniques suit donc généralement les cinq phases suivantes :

aite no kōgeki wo sasou (相手の攻撃を誘う)

Solliciter l’attaque de l’adversaire.

Cette phase a lieu au moment où se crée l’intention d’attaque, avant que l’attaque ait effectivement lieu. Par son attitude mentale et sa posture, le défenseur ne doit pas subir passivement l’attaque mais doit être pro-actif en sollicitant l’attaque.

Pour illustrer le propos, lors d’attaques par saisies, le défenseur ne doit pas « se faire saisir » (attitude passive conduisant à subir la technique) mais « se laisser saisir » en sollicitant la saisie.

Solliciter l’attaque permet ainsi de donner au défenseur un double avantage tactique :

  • Influencer l’attaquant sur le moment, la nature et la cible de son attaque par la gestion de sa posture et de la distance.
  • Une fois l’attaque lancée, il sera difficile à l’attaquant de corriger son attaque.

aite no ki ni awasu (相手の氣に合わす)

Fusionner avec l’energie/mouvement de l’adversaire.

Cette phase, probablement la plus difficile de toutes, consiste à :

  • Intercepter l’attaque et prendre le contact, le de-ai (出合い), en préservant son intégrité
  • Fusionner avec l’attaque/énergie/mouvement, sans blocage, afin d’en préparer la redirection.

Le fait de ne pas rentrer en conflit avec l’attaque (pas de points de blocage) désoriente l’adversaire.

aite no ki wo michibiku (相手の氣を導く)

Rediriger l’énergie de l’adversaire.

Cette phase, permet de prendre le contrôle de l’attaque/énergie/mouvement de l’adversaire tout en amplifiant l’énergie et le déséquilibre.
Ne rencontrant pas de points de blocage, l’adversaire est entrainé malgré lui dans le mouvement.

aite wo muryokuka suru (相手を無力化する).

Neutraliser de l’adversaire.

Cette phase de finalisation de la technique qui se matérialise en aikidō par une projection, une immobilisation ou un atemi, permet de neutraliser la capacité offensive de l’adversaire afin de lui enlever toute possibilité de réaliser une nouvelle attaque..

zanshin suru (残心する)

Rester vigilant.

Cette phase consiste à conserver l’attitude de vigilance envers l’adversaire une fois la techinque réalisée.

Les attaques

L’aikidō (合氣道) étant un art martial défensif, l’essentiel de l’étude est consacré aux techniques de défense. Les attaques ne sont pas aussi approfondies que dans les arts martiaux de frappes tels que le karatedō (空手道) ou le muay thai (มวยไทย),.. Les pratiquants d’aikidō doivent toutefois comprendre les principes des différentes attaques et savoir les appliquer correctement. Cela est en effet indispensable à l’étude et l’application effective des techniques de défense.

Tori-waza (取り技)

Saisies. L’attaquant cherche à contrôler le défenseur au travers d’une saisie. Le contrôle peut éventuellement être suivi d’une frappe ou d’une projection par l’attaquant.

Il est plus aisé aux débutants de commencer la pratique par des techniques sur saisies. En effet, celles-ci sont moins dangereuses et il est plus facile de ressentir et comprendre les lignes de force d’une saisie que d’une frappe.

Certaines saisies dérivent directement de situations où l’attaquant cherche à empêcher le partenaire de dégainer son sabre. Ces techniques permettent de se libérer de la saisie et d’immobiliser ou frapper l’adversaire.

  • katate-dori (片手取り). Saisie à une main d’un poignet de l’adversaire.
  • katate-ryōte-dori (片手両手取り), ou ryōte-dori (両手取り). Saisie à une main des deux poignets de l’adversaire.
  • katate-dori-ryōte-mochi (片手取り両手持ち) ou morote-dori (諸手取り). Saisie à deux mains d’un poignet de l’adversaire.
  • kata-dori (肩取り). Saisie à une main d’une épaule de l’adversaire.
  • ryō-kata-dori (両肩取り). Saisie à une main des deux épaules de l’adversaire.
  • ushiro-ryō-kata-dori (後ろ両肩取り). Saisie arrière à une main des deux épaules de l’adversaire.
  • ushiro-katate-ryōte-dori (後ろ片手両手取り), ou ushiro-ryōte-dori (後ろ両手取り). Saisie arrière à une main des deux poignets de l’adversaire.
  • kata-dori-men-uchi (肩取り面打ち). Saisie à une main d’une épaule de l’adversaire et frappe frontale de l’autre main.
  • sode-dori (袖取り). Saisie à une main la manche.
  • muna-dori (胸取り). Saisie à une main de l’uniforme au niveau du thorax.
  • eri-dori (襟取り). Saisie à une main col.

Shime-waza (絞め技)

Etranglements. L’attaquant cherche à contrôler le défenseur au travers d’un étranglement.

  • ushiro-katate-dori-kubi-jime (後ろ片手取り首絞め). Etranglement sur saisie arrière.
  • hagai-jime (羽交い締め). Clef de tête effectuée en passant les deux bras sous les aisselles de l’adversaire puis à joignant les deux mains derrière la nuque de l’adversaire et en poussant dessus.

Uchi-waza (打ち技)

Frappes de taille. L’attaquant cherche à atteindre le défenseur en portant une frappe de taille. La frappe peut se faire avec ou sans arme.

  • shōmen-uchi (正面打ち). Frappe frontale avec le tranchant de la main ou avec une arme.
  • yokomen-uchi (横面打ち). Frappe latérale avec le tranchant de la main ou avec une arme.

Tsuki-waza (突き技)

Coup d’estoc. L’attaquant cherche à atteindre le défenseur en portant un coup d’estoc. Le coup d’estoc peut se faire avec ou sans arme.

En raison de son origine de combat armé, la plupart des attaques en aikidō, ressemblent à des attaques au sabre. Les frappes au poing, ou tsuki (突き), sont plus proches d’une attaque au couteau qu’un coup de poing de type karatedō.

  • jōdan-tsuki (上段突き). Coup de poing ou d’estoc avec arme au visage.
  • chūdan-tsuki (中段突き). Coup de poing ou d’estoc avec arme au plexus.

Keri-waza (蹴り技)

Coup de pied. L’attaquant cherche à atteindre le défenseur en portant un coup de pied.

Les techniques sur coup de pied sont très rares en aikidō du fait que les techniques martiales du Japon féodal reservaient l’usage des jambes aux déplacements. La pratique sur coup de pied doit également faire l’objet d’un soin tout particulier car les chutes sur coup de pieds sont bien plus dangeureuses pour l’attaquant.

  • mae-geri (前蹴り). Coup de pied frontal.
  • mawashi-geri (回し蹴り). Coup de pied circulaire.

Les positions de travail

Les techniques se pratiquent debout ou, plus rarement, à genoux.

  • Tachi-waza (立ち技) où les deux partenaires sont debout.
  • Hanmi-handachi-waza (半身半立ち技) où l’attaquant est debout et le défenseur à genoux.
  • Suwari-waza (座り技) ou zagi (座技) où les deux partenaires sont à genoux.

Travail à main nues et avec armes

L’aikidō comprend de nombreuses techniques de défense à main nues ou avec armes. Ces techniques de défense sont appliquées contre des attaques à mains nues ou contre des attaques avec armes.

  • Taijutsu (体術). L’attaquant et le défenseur sont à mains nues.
  • Tantō-dori (短刀取り). L’attaquant est armé d’un couteau et le défenseur est à mains nues.
  • Jō-dori (杖取り). L’attaquant est armé d’un bâton et le défenseur est à mains nues.
  • Ken-dori (剣取り). L’attaquant est armé d’un sabre et le défenseur est à mains nues.
  • Kumi-ken (組剣). L’attaquant et le défenseurs sont armés d’un sabre.
  • Kumi-jō (組杖). L’attaquant et le défenseurs sont armés d’un bâton.
  • Jō-nage (杖投げ). L’attaquant est à mains nues et le défenseur est armé d’un bâton.

Les types de techniques de neutralisation

La phase finale d’une technique a pour objectif de neutraliser l’attaquant afin de lui enlever toute possibilité de réaliser une nouvelle attaque.

  • Nage-waza (投げ技). Technique de projection. Les techniques de projection peuvent également être suivies de techniques de contrôle. Exemple : shihō-nage (四方投げ)
  • Katame-waza (固め技). Technique de contrôle. Les techniques de contrôle sont divisées en trois catégories : les techniques d’immobilisation ou osae-waza (押さえ技), d’étranglement ou shime-waza (絞め技) et de clés articulaires ou kansetsu-waza (関節技). Elles sont réalisées debout ou au sol.
  • Atemi-waza (当身技). Technique de frappe (tsuki, uchi).

Les types d’exercices

L’étude des techniques et le développement des capacités peuvent prendre plusieurs formes :

  • Hitori-waza (一人技). Exercices se pratiquant seul, les mouvements techniques sont répétés dans le vide, c’est un travail de modélisation mentale du placement spatial du corps et de celui du partenaire imaginaire. Par exemple le suburi (素振り) qui est un travail individuel de répétition de coupes ou de frappes au sabre ou au bâton.
  • Kumi-tachi (組立ち). Exercices pratiqués avec un ou plusieurs partenaires.
  • Kihon-waza (基本技). Techniques de base.
  • Kaeshi-waza (返し技). Techniques de contre-prises.
  • Henka-waza (変化技). Exercices d’enchaînement et de variations de techniques.

Formes d’entraînements

  • Ippan-geiko (一般稽古). Pratique sous la forme usuelle.
  • Jū-geiko (柔稽古). Pratique souple.
  • Go-no-keiko. Pratique avec plus de fermeté de la part de l’attaquant.
  • Jiyū-keiko (自由技). Travail libre où différents types de défenses sont appliqués contre une ou plusieurs attaques conventionnées.
  • Kakari-geiko (係り稽古). Travail où plusieurs personnes attaquent nage à tour de rôle. Ce type d’exercice apprend au défenseur à adapter sa technique en fonction d’attaques et de morphologies variées.
  • Taninzū-kake (多人数掛け). Travail où plusieurs personnes attaquent nage en même temps. La forme la plus courante est le sannin-kake (三人掛け) où trois personnes attaquent le défenseur.

Principes irimitenkan

La plupart des techniques en aikidō ont deux formes correspondant à deux principes d’exécution différents.

  • irimi (入り身), ou omote (表), consiste à rentrer sur le partenaire (attaquer son centre) pour l’empêcher de développer son attaque.
  • tenkan, ou ura (裏), consiste à prolonger puis guider l’attaque du partenaire afin de devenir le centre du mouvement.